mercredi 3 mars 2021

La diversité en France: une chance, une force et une valeur républicaine

 

Un sondage réalisé par Opinion Way en septembre 2020, a montré qu’il y avait un malaise chez les français originaires de la diaspora africaine

73% pensent que l’intégration des personnes d’origine étrangère en France fonctionne mal car il y a de l'inégalité des chances, de la discrimination et du racisme. Ils se sentent sous représentés dans les institutions économiques et politiques. C'est le ressenti général des français d'origine étrangère.

La France de par son statut d'ancien empire colonial et de par les différentes migrations qu’elle a connues est un pays dont la population est diverse et variée. Une grande partie est issue des anciennes colonies africaines. L’interdiction des statistiques ethniques rend difficile une réelle quantification de ce phénomène, il n’en demeure pas moins que la diversité de la population française est réelle et visible.

Pourtant nous ne la retrouvons pas dans les milieux économiques ou politique.

S'il fut un temps où les français d’origine étrangère n’avaient pas les diplômes pour prétendre à ces postes, aujourd’hui, ils sont quatre fois plus diplômés qu’il y a 20 ans et restent pourtant deux fois plus touchés par le chômage que les autres. Un quart se dit victime de discriminations à l’embauche

Aujourd’hui en France, lors d’un entretien d’embauche, un homme français, blanc de peau et dont « l’apparence physique ne présente pas de traits disgracieux » a 3 fois plus de chance d’être recruté qu’un candidat âgé ou un candidat au patronyme maghrébin ou subsaharien, 2 fois plus de chance qu’une personne handicapée et 1,5 fois plus de chance qu’une femme.

Les conseils d’administration des grandes entreprises françaises manquent de diversité, quant aux partis politiques ils sont toujours frileux à mettre des afro-descendants en tête de liste, ils sont souvent relégués à des places non éligibles de la liste électorale.

Ni les chartes de la diversité signées par les entreprises ni les lois sur les quotas ne semblent permettre d'inverser la donne. 

Cette situation est flagrante dans la deuxième ville de France, Lyon, où il n'y a jamais eu de conseiller municipal d'origine d'Afrique subsaharienne, il en est de même pour le conseil régional. En ce qui concerne la Métropole de Lyon nous n’en retrouvons que deux. 

Heureusement il y a une autre France, celle qui progresse sur ces questions:

- celle qui nomme l'historien Pap Ndiaye directeur général du Palais de la Porte Dorée, et donc dirigeant du Musée national de l'histoire de l'immigration

- celle qui nomme Sophie Elizeon préfète Déléguée Interministériel pour la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et l’Homophobie - Dilcrah

- celle qui nomme Le danseur et chorégraphe Rachid Ouramdane, Nîmois d'origine algérienne, à la tête du Chaillot - Théâtre national de la Danse.

- celle qui nomme Pierre N’Gahane fonctionnaire d’Etat depuis 2008 et aujourd’hui préfet de la Marne

- celle qui recrute Jean-Eric Sende, franco-camerounais comme collaborateur du député de Villeurbanne Bruno Bonell.

Dans le monde de l'entreprise certains observateurs proposent des dispositifs incitatifs financièrement pour encourager le recrutement de profils de la diversité. Pourquoi à compétence égale une entreprise a-t-elle besoin d'être encouragée pour recruter ces profils?

Le recrutement des diversités devrait être abordé par un autre prisme, celui de la compétitivité. Malgré l'absence de statistiques ethniques, l'expérience montre que plus les équipes sont variées, plus elles sont innovantes, productives et moins conflictuelles. Diversifier les profils permet de faire face à la complexité du monde d’aujourd’hui et de demain.

C'est donc le besoin pour l'entreprise de rechercher la performance et la création de richesse qui poussera à une diversité des recrutements.

Dans le monde politique, pour une diversité des élus, il faudra permettre un renouvellement de ces derniers au sens large par une loi qui limite le cumul des différents mandats électifs dans le temps. Par exemple: un citoyen n'aurait le droit qu'à deux mandats dans sa vie toutes élections confondues.

Non seulement il y aura une réelle diversité des candidats mais cette diversité pourrait permettre d'augmenter  la participation aux suffrages.

Dans tous les cas c'est essentiellement l'image que la société porte sur ces français de la diversité qui limite leurs chances aux recrutements aux postes à responsabilité. Pourquoi sont ils perçus comme des recrutements à risque par les directeurs de ressources humaines? Pourquoi en amont, aux collèges et aux lycées, les élèves d'origine étrangère se sentent illégitimes à choisir certaines orientations dites d'excellence? 

Ce problème de représentativité disparaitra le jour où ces personnes issues de la diversité seront vues d'abord et uniquement comme des français avec leurs parcours et leurs compétences indépendamment de leurs origines. Cette reconnaissance sera le ciment d'une France apaisée et forte de ses valeurs républicaines.





Ilham Seghrouchni 

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